jeudi, février 20, 2014

Barra be Back ou L'étrange vente de la Titine des Bois...

Ayant investi dans une grosse berline allemande, symbole de mon standing social en plein évolution, Il fallait se débarrasser (à mon grand regret) de la Titine des Bois.

Terrible engin brillamment vainqueur des chutes de neiges de l'an dernier ( et surtout Là... ), elle avait contre elle, outre le fait de consommer du gazole comme moi du jus d'orange, le fait de devoir entamer des frais pas possibles pour lui faire passer le contrôle technique. Sans garantie...

D'où l'obligation de se séparer de la bête.

6 mois plus tard, devant la moue de ma chère et tendre dès qu'on en parle, je me décide à passer une annonce sur Leboncoin, en bradant la bestiole à 500€ négociables, pour pièces, à Qui-n'en-veut (en gros, si quelqu'un me débarrasse le jardin, il part avec...).
:-)

Bon, annonce postée à 10H, à 12H00, j'avais déjà une dizaine de mail, et 7 messages sur le téléphone.
Avant le soir, on arrivera à 34 mails, et pour les appels je ne compte même plus, si ce n'est qu'on n'a même pas pû regarder la télé plus de dix minutes à la suite.

Bref, mon agenda est rempli de visites pour les prochains jours...

Là, pour une meilleure compréhension de la suite, je dois faire un p'tit flashback pour toi, Ami lecteur :
Fût un temps où, ma chére et tendre et moi-même habitions à Laval (Avenue du Général Patton, pour être précis) un sympathique appartement, dont le propriétaire était un homme avec une légère surcharge pondérale d'une soixantaine de kilos, d'un problème de sudation extrême et d'une voix de fausset : le sieur Barra.

Bon, personne n'étant parfait, ça ne nous posait pas plus de problème que ça, d'autant plus qu'étant gérés par une agence, on ne l'avait jamais vu.
Puis un jour, on envoya notre préavis de départ (ben voui, la terre tourne, hein...).

Et là, notre propriétaire invisible se mit d'un coup à nous harceler, nous
envoyant plusieurs agences dans la même journée, nous appelant à toute heure du jour ou de la nuit, nous laissant des messages grandioses sur notre répondeur, véritables monuments d'intimidation et de bêtise humaine.
Bref, on s'est finalement débarrassé de ce curieux propriétaire...pour finalement le retrouver comme client un peu plus tard (vu qu'il était aussi invivable comme voisin que comme propriétaire, qu'il résidait dans un hlm, et que gérer les casses-pieds dans son genre était mon nouveau boulot...).

Bref, pour nous, suite à la forte impression laissée par l'animal, quand on a affaire à un phénomène de ce genre dorénanvant vient toute de suite à l'esprit l'inoubliable Mr Barra.

Retour en cette bonne vieille année 2014, où le midi du premier jour des visites pour le 4x4 arrive un espace d'où descend...un Barra.
L’œil plissé du gars à qui on la fait pas, la sueur qui coule, les 160 kilos bien tassés...tout est là. Du grand Sergio Leone.
J'ai un bref moment de panique. Les suspension du cherokee vont jamais tenir le choc.
Après une inspection des plus fouillées (coup de bol, y'avait aucune chance qu'il puisse passer sous la voiture, sinon ça durait une heure de plus), il décrète magnanimement que ça lui convient et qu'il repassera avec un plateau l'après-midi.

Ma chère et tendre rentrant de son boulot de tortureuse de P'tits vieux me demande : "Alors ? le 4x4 ? " - "Ben, c'est un Barra..." - " Oh, merde..."

Bon. Faut pas vivre dans le passé. Pis tous les gars qui suent, avec 80 kilos en trop et le regard fuyant ne sont pas tous forcément des escrocs.

Du coup, lorsque Mr Barra revient l'après midi avec deux comparses et sa femme, je pars avec cette dernière faire les papiers de cession, laissant les trois autres larrons faire un inventaire poussé des améliorations à apporter à mon pauvre cherokee...

Viens le moment du paiement, que perso je souhaitais en espèces.
Barra a l'air ennuyé. Il avait déjà sorti son chéquier. Il croit bon de me rassurer en me souriant avec ses dents jaunes et en ajoutant "Vous savez, c'est pas un chèque en bois...".
Nan. En liquide. Définitivement en liquide.
N'ayant pas pris d'espèces (normal, je lui avait dit au téléphone), il laisse son épouse partir retirer de l'argent, me laissant sa remorque plateau.
Puis, puisque le 4x4 a daigné démarrer (ben tiens, c'est pas de la merde, mon 4x4...), décide de partir avec son équipe de bras cassés.

Bien. Pas trop inquiet puisque j'avais en otage le plateau porte-char, je le laisse partir et attends le retour de son épouse...

5 heures plus tard, je l'attends toujours, très légèrement inquiet de m'être fait enfumer.
Pas de coup de fil, pas de numéro de téléphone à appeler, introuvable sur le net, et il fait maintenant nuit.
Ma chère et tendre n'est pas ravie. Du tout. Un Barra, me dit-elle, on l'avait vu venir.
Je bloque le porte-char, histoire qu'il ne disparaisse pas dans la nuit, et m'apprête à partir voir les gendarmes lorsque deux phares entrent dans l'allée et annoncent le retour du Barra prodigue.
Il sort poussivement de son espace dans un grand concert d'amortisseurs soulagés et m'annonce d'un air colère qu'il est tombé en panne avec le 4x4, que les 4 roues sont bloquées et qu'il ne voit pas ce qui cloche dans cette vente.
Je lui explique que c'est la vie, que mon cherokee marchait très bien, qu'il me paraît difficile à croire de bloquer les 4 roues d'un 4x4 non permanent sans le vouloir et que, inquiet du manque de nouvelles, je partais voir les flics.

Barra me sert un sourire jaune, et m'explique que sa femme ne trouvait plus la maison (ben tiens) et qu'il venait chercher le plateau pour le 4x4.
Il me demande enfin si le prix n'a pas changé...
Je le rassure, c’est toujours le même prix, roues soit-disant bloquées ou pas.
Il finit par me sortir ses billets, et s'en va.

Bon.
Fin de l'épisode, mais pas de l'histoire vu qu'hier réapparait mon fier 4x4, plein de boue, sur Leboncoin, rajeuni de 100000km et, selon l'annonce, une vraie bête de compétition, presque neuve, fiable, et tout et tout...

Et que vers midi, un brave gars me téléphone. M'ayant appelé pour le
cherokee quand j'étais le vendeur, il voudrait savoir le pourquoi de la revente si rapide, et si le nouveau vendeur est un gars correct.
Je lui dis tout le bien que je pense de notre brave Barra, et de tous les Barra en général, lui explique que la carte grise barrée de deux jours a peu de chance d'être déjà renouvelée, et que ça sent un peu le fromage, cette histoire.
Le brave gars est d'accord avec moi, et me dis qu'il appele le margoulin dans la foulée pour lui dire tout le bien qu'il pense de ses méthodes.

Je m'attendais presque à revoir notre Barra local, furieux, en train de secouer le portail en hurlant des insanités et en nous menaçant de nous envoyer son avocat, comme l'avait fait notre Barra des temps jadis, mais finalement non.
Je dois faire peur aux gens, en vieillissant..

:-D

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